Bō / Bâton (Arme)

Historique

Il semblerait que le ait été introduit au Japon par les classes militaires, à travers les fonctionnaires (la police actuelle) avant de se populariser auprès des paysans, commerçants, artisans et pêcheurs dans le but de se défendre. Le bâton était communément utilisé en Asie par différentes catégories sociales, allant jusqu’aux moines bouddhistes.
Bien évidemment, sa création est antérieure à ces périodes. De forme certainement plus archaïque, le devait se présenter comme un simple bâton à ses débuts. Composé d’une matière périssable, il n’est pas possible de pouvoir savoir exactement quand sont apparus les premiers exemplaires. Il faut donc se fier aux documents écrits. La version la plus ancienne du s’appelait ishibo.

C’est à travers ces classes dites « inférieures » que les katas du se sont le plus largement développés, à travers les sonbō (de village). Cela permet aujourd’hui de retrouver cette arme dans une grande variété d’arts martiaux, anciens et récents, comme l’aïkido, le kobudo d’Okinawa, le ninjutsu.

Le connut son apogée aux XIVe-XVIIe siècles sur Okinawa. L’île subit de nombreuses politiques de suppression des armes de manière à maintenir le pouvoir sans mal et éviter les courantes révoltes. En 1314, les lois interdisaient par exemple les paysans de posséder des armes létales. C’est avec cette répression que les armes nées des outils agricoles virent le jour, comme le nunchaku, le bō, le tonfa ou encore l’eku bō (rame). Ces armes, totalement improvisées à partir d’objets du quotidien, ne pouvaient être confisquées par le pouvoir en place.
Ce type de politique s’est poursuivi malgré les différents seigneurs qui se sont succédés aux siècles suivants. Au XVe siècle, l’île était divisée en trois royaumes, Chuzan, Hokuzan, et Nanzan. Ces royaumes furent ralliés sous la dynastie Sho, en 1429. Une cinquantaine d’années plus tard, l’empereur voulut renforcer son contrôle des terres en éradiquant les armes, principalement à lames. Seuls ses hommes allaient être à même de pouvoir porter les armes.
Au début du XVIIe siècle, le clan Shimazu avec Satsuma à sa tête prit de l’ampleur jusqu’à renverser l’empereur en place à Okinawa. Les seigneurs mirent alors en place une nouvelle politique encore plus répressive à l’égard des armes, ne permettant leur port que par les samurais. Composée principalement de paysans, c’est dans ce contexte que l’île d’Okinawa connut un important développement des armes à partir des outils agricoles, dont le bō.

Le

maniement-arme-bo-tortues-ninja-turtles-tmntIl existe plusieurs types de bâtons : le anbō (90 cm), le jō (120 cm) et le (180 cm) pour les plus courants. Certains peuvent toutefois atteindre les 270 cm.
On peut retrouver trois autres tailles de bâtons, moins courantes,. La dernière appartient à la catégorie des armes de combat monté, de 240 cm, 270 cm et de 390 cm. Ce dernier est appelé aussi banjo (de cheval).

Le bâton est composé d’essences comme le chêne, le néflier et l’arec. Une espèce de palmier nommée au Japon kuba, que l’on retrouve sur l’île d’Okinawa, pouvait également être utilisée. Le n’est pas forcément réalisé d’une pièce droite et régulière. En effet, le centre du bâton peut-être plus épais, s’affinant vers les extrémités de deux centimètres. L’extrémité mesure généralement autour de 3 à 4 cm de diamètre.
Le grand nombre d’essences, de dimensions, de milieux de vie et de techniques conduisent les bōs à s’adapter. On peut ainsi en retrouver des lourds, des plus légers, certains rigides ou d’autres souples.

Techniques de combat

La Donatello film 2007 2longueur du bâton est la clé de ses techniques. Généralement, le est utilisé pour donner des coups depuis son extrémité, en estoc. Il ne peut naturellement pas perforer un humain, contrairement à ce qui est montré à travers certains médias de la culture populaire. Des coups peuvent être aussi donnés en taille.
L’une des techniques les plus utilisées consiste à se servir de l’extrémité du comme d’un prolongement de son coup. Ainsi, le combattant le tient fermement d’une main tout en le faisant glisser de l’autre, allongeant ainsi sa portée et frappant d’estoc. Cela implique donc d’avoir une surface entièrement lisse sur tout le long du afin de faciliter son glissement dans les mains du propriétaire.

Le peut aussi être utilisé dans le ninjutsu comme une clé pour immobiliser un adversaire ou tordre un membre, voire briser les os. Enfin, le présente un certain avantage au cours d’un combat du fait de sa longueur. Son propriétaire est donc en mesure de pouvoir tenir à l’écart un ou plusieurs adversaires possédant une arme létale comme un sabre et même l’attaquer d’estoc, tout en gardant une certaine distance. Maître Kenyu Chinen dans son ouvrage Kobudo d’Okinawa explique que le bō « nécessite des exercices qui permettront de bien assimiler chaque technique en parfaite harmonie avec son corps comme avec ses propres membres ».

Dans les Tortues Ninja

Donatello par Peter Laird (1987)

Donatello par Peter Laird (1987)

Donatello a toujours eu le bâton comme arme. Toutefois, celui-ci a pris beaucoup de formes différentes au cours des années. Il serait d’ailleurs plus question d’un jō que d’un à proprement parler du fait de la taille de l’arme. En effet, la tortue mesure généralement autour de 160 cm. Son bâton doit mesurer un peu plus de 120 cm.

L’arme basique qui lui est naturellement connue est un bâton entouré de lanières pour le maintenir fermement entre ses six doigts. Comme nous l’avons expliqué précédemment, il est préférable de laisser l’ensemble du bâton libre afin d’en faciliter son glissement lors de la réalisation des mouvements des katas. Dans la première trilogie de films, Donatello utilise de fines cordelettes noires le long de son arme. Étant relativement discrètes, elles devaient certainement faciliter l’adhérence des doigts du costume à l’arme.

La tortue se lamente fréquemment de n’avoir qu’une arme en bois, ce qui n’est pas forcément l’idéal pour combattre des ennemis puissants et pas toujours humains. Le demeure pourtant une arme solide. Ainsi, il est possible de le voir préférer une arme faite de métal et à laquelle il a ajouté une capacité télescopique, dans The next mutation, la deuxième partie du comic d’IDW Publishing ou encore dans la première série de film de Paramount. Dans ce troisième univers, son arme n’a d’ailleurs plus grand-chose d’un . Enfin, l’ajout d’une lame pour en faire une naginata dans le  dessin animé de Nickelodeon s’avère bien utile, mais purement fictif.

Apparence du bâton de Donatello dans les différents univers

Bibliographie

Un grand merci à Gwuillaume pour son aide fournie à travers le livre de Kenyu Chinen et à Toma pour ses conseils avisés, tous deux du forum Tortueman.

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